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France: Interview avec Estiva ReusPropos recueillis par Jean Nakos, 'Les chrétiens et les animaux'Juillet 2007 Estiva Reus est maître de conférences à l’Université de Bretagne Occidentale. Elle est aussi membre de la rédaction des Cahiers antispécistes. Elle vient de publier dans cette revue la traduction de larges extraits du livre Animal Gospel [Évangile animal] d’Andrew Linzey. Estiva Reus a bien voulu nous accorder cette interview: LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Les Cahiers antispécistes sont une référence en matière de philosophie animale. Pouvez-vous nous parler de cette revue et de sa rédaction ? ESTIVA REUS: Les Cahiers antispécistes ont été fondés en 1991 à l’initiative de David Olivier, rapidement rejoint par Françoise Blanchon et Yves Bonnardel. À cette époque, rien ne filtrait en France des thèses sur la libération animale ou les droits des animaux qui s’élaboraient ailleurs. Remettre en cause la consommation carnée était jugé scandaleux ou ridicule, y compris chez la plupart des militants de la défense animale. Il était très difficile d’obtenir qu’on admette seulement le débat. Les Cahiers ont été un des vecteurs qui ont permis de progresser sur ce plan. David est resté un des animateurs de la revue jusqu’au numéro 23 (2003). Françoise l’a quittée en 1996 et Yves en 1998 (après la parution du numéro 15-16), date à laquelle j’ai intégré moi-même la rédaction. Brigitte Gothière et Sébastien Arsac en sont membres depuis 1999 et Antoine Comiti depuis 2006. Laurent Dervaux et Anne Renon y ont participé de 2002 à 2004. La revue s’inscrit dans le mouvement de refus du spécisme : elle affirme que le fait qu’un individu appartienne à une autre espèce que la nôtre n’est pas, en soi, un critère éthique pertinent. Un tel critère ne saurait justifier la violence et la maltaitance massives que les humains font subir aux bêtes pour consommer leur chair, en faire des objets de divertissement, ou satisfaire leur curiosité scientifique. Une des fonctions des Cahiers antispécistes consiste à faire connaître la pensée d’auteurs importants sur la question animale, afin qu’elle puisse être assimilée, utilisée, discutée, critiquée… par les lecteurs. À cette fin, les Cahiers traduisent et publient des articles ou extraits d’ouvrages parus à l’étranger, ou encore des recensions de livres. On peut y découvrir les thèses d’auteurs tels que Peter Singer, Tom Regan, Carol Adams, Paola Cavalieri, Steven Wise, Steve Sapontzis, James Rachels, Gary Francione, David DeGrazia, Florence Burgat, Henry Stephen Salt, Marian Dawkins… Par ailleurs, les Cahiers publient des textes inédits. Par ce biais, ils ont joué un rôle dans la mise en lumière de certains thèmes, et ont parfois défendu des positions qui ne sont pas unanimement partagées par les défenseurs des animaux. En termes de philosophie éthique, ses rédacteurs sont plus proches des doctrines conséquentialistes que déontologiques (ce qui ne les empêche pas de considérer qu’il entre dans la vocation dela revue de faire connaître les thèses d’auteurs se revendiquant d’une théorie des droits). Les Cahiers se sont efforcés de séparer l’antispécisme d’un certain écologisme. L’exigence de justice envers les animaux ne se confond pas avec celle de préservation de la biodiversité : s’inquiéter de ce qu’il existe suffisamment de représentants de chaque espèce n’est pas la même chose que prêter attention à ce qu’éprouvent les bêtes en tant qu’individus sentants. Les Cahiers ne participent pas non plus à cette pensée diffuse qui tend à idéaliser la nature et à imputer tous les maux à la perversité humaine. Dans la vie sauvage, les animaux souffrent de la prédation, de la maladie, de la faim, de la séparation d’avec leurs proches… Pour concevoir ce que serait un monde meilleur, nous ne pouvons pas nous réfugier derrière l’invocation d’un « retour à la nature », ni préconiser le « respect des lois naturelles », expression qui s’avère à l’examen dénuée de contenu normatif. Les Cahiers se sont efforcés de peser pour que l’intérêt des bêtes soit clairement affiché comme un sujet de préoccupation éthique en soi, en un temps où l’on tendait systématiquement à avancer masqué, n’osant préconiser de renoncer à telle pratique qu’en ajoutant aussitôt qu’il s’agit avant tout de rendre service aux humains (« Mangez moins de viande, vous aurez moins de cholestérol »). Ils se sont penchés sur des questions de stratégie, portant notamment un regard critique sur l’opposition très tranchée que véhicule une partie du mouvement vegan entre welfarisme et abolitionnisme (cf. C.A. n°24). Ils ont depuis l’origine, et de façon croissante ces dernières années, mis l’accent sur le thème de la sentience (sensibilité, conscience). Il s’agit d’affirmer que tout être sentant est un patient moral, mais aussi de ne pas sous-estimer le poids des facteurs qui facilitent l’oubli ou la négation de la sentience animale. La philosophie et les sciences ne disposent aujourd’hui d’aucune théorie satisfaisante de la conscience. Cela n’est pas anodin pour la cause animale. Nous devons faire connaître les indicateurs disponibles de la vie mentale des animaux, mais aussi veiller à ce que les lacunes de nos connaissances sur le phénomène de la sensibilité cessent d’être utilisées à des fins idéologiques : c’est-à-dire pour mettre systématiquement en doute l’existence d’émotions chez les bêtes (et seulement chez elles, jamais chez les humains). Les Cahiers en tant que tels sont une revue et rien d’autre qu’une revue. Il ne sont l’organe de presse d’aucune organisation. Néanmoins, on peut compléter leur portrait sous un angle plus sociologique en mentionnant des actions ou projets qui, à l’origine, ont été impulsés par des membres ou des proches de la rédaction : le site Veg’ et Chat [http://www.vegechat.org/], la Veggie Pride [http://www.veggiepride.org/fr/], les Estivales de la question animale [http://question-animale.org/], Stop Gavage [http://stopgavage.com/], la nouvelle association L214 [http://L214.com], ou encore le projet de campagne pour l’abolition de la viande qui devrait démarrer dans un an [http://abolitionblog.blogspot.com/]. Les Cahiers antispécistes paraissent à la fois sous forme papier et sous forme électronique. Les textes publiés depuis leur création peuvent être consultés à cette adresse : http://cahiers-antispecistes.org LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Comment avez-vous commencé à vous occuper de la question animale ? ESTIVA REUS: Grâce à Luc Ferry ! Aussi loin que je me souvienne, j’ai été heureuse de rencontrer des animaux. Pouvoir les regarder ou entrer en relation avec eux était un événement très apprécié. Enfant, je n’aimais pas qu’on leur fasse du mal, ni qu’on en parle en mal : cette façon qu’avaient souvent les grandes personnes – même celles qui étaient gentilles avec les bêtes – d’insérer dans leurs phrases des expressions dévalorisantes pour elles, comme si c’était une obligation de rappeler qu’on doit réserver sa sollicitude aux humains. Pourtant, j’ai tardé à reconnaître les torts que je causais moi-même, et plus encore à me résoudre à dire à mes parents que désormais je cesserais d’agir de la sorte : j’avais déjà 13 ou14 ans quand je leur ai annoncé ma décision de devenir végétarienne. Ensuite… rien. Sur quelques papiers griffonnés avant ce tournant, j’avais mis des raisonnements demandant en quel honneur ce serait le fait d’avoir un gros cerveau plutôt que celui de courir vite qui devrait compter, ce genre de choses… Ils ont fini à la poubelle sans avoir été exposés à quiconque. Personne n’a demandé ou proposé de discuter sur le fond, ni cette fois là, ni par la suite, et moi je n’ai pas eu le courage ni même l’idée de prendre l’initiative du débat. Je me suis contentée de subir sans fléchir qu’on me fasse sentir en diverses occasions que ne pas consommer de viande était une lubie regrettable. Voilà comment j’ai perdu plus de vingt ans, poursuivant occasionnellement les raisonnements dans ma tête, mais sans les partager, sans qu’ils servent à rien. Ce qui est absurde, c’est non seulement d’avoir cru être la seule de mon espèce, mais d’avoir tenu pour acquis que les autres étaient inébranlables dans cette conviction affichée sans cesse que le sort des animaux est une question secondaire, et s’en préoccuper un crime contre la priorité due aux humains. Et puis, au printemps 1993, on m’a offert Le Nouvel ordre écologique de Luc Ferry, paru l’année précédente. C’est grâce à cet ouvrage, conçu pour critiquer les tenants de la libération animale, que j’ai eu la joie d’apprendre qu’ils existaient. La même année est paru en français La libération animale de Peter Singer : quel émerveillement ce fut de le lire ! À la fin de l’ouvrage figuraient les indications de quelques contacts en France. C’est ainsi que j’ai connu l’adresse des Cahiers antispécistes. Je leur ai aussitôt écrit. Puis j’ai été voir ses trois rédacteurs à Lyon à l’été 1993. Voilà comment je suis sortie de l’inertie et me suis intéressée au mouvement antispéciste naissant. C’est une histoire banale. Plus tard, j’ai lu ou entendu beaucoup de récits similaires : des gens qui s’en sont tenus à modifier leurs pratiques personnelles, ou ont renoncé à le faire face à la réprobation de leur entourage, en se croyant complètement isolés. La Veggie Pride a été créée pour rompre cet isolement : inviter les végétariens à devenir visibles et à s’exprimer – une initiative parmi d’autres pour que le débat sur la légitimité de la viande soit mis sur la place publique, au lieu que chacun de ceux qui réprouvent la consommation d’animaux continue de raser discrètement les murs dans son coin. Heureusement, de nos jours il y il y a beaucoup plus d’associations et de militants engagés pour les animaux ; les media abordent davantage la question animale ; grâce à Internet, on a assisté à une multiplication des sites et forums qui lui sont consacrés. Pour les jeunes générations, le risque n’existe pratiquement plus de rester 10 ou 20 ans sans réaliser que l’expérimentation animale, l’élevage ou la pêche ne font pas l’unanimité. LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Vous avez contribué à réfuter les extravagances de Luc Ferry concernant la protection animale. Quel souvenir avez-vous gardé de cet épisode ? ESTIVA REUS: Pour ma part, je n’ai rien fait d’autre qu’adresser à Luc Ferry une lettre lui faisant part de quelques commentaires à chaud. (C’était avant de lire Singer et de connaître l’existence des antispécistes lyonnais.) David Olivier par contre a rédigé une bonne analyse critique du Nouvel ordre écologique qui est parue dans le numéro 5 des Cahiers. À l’époque, il n’y a eu aucune réaction, ni de Luc Ferry, ni des media. Autant que je me souvienne, Le nouvel ordre écologique a reçu un accueil extraordinairement favorable. Luc Ferry était abondamment invité dans des émissions et élogieusement cité dans des articles de presse. Il était le défenseur de l’humanisme, et il est acquis dans notre société que l’humanisme est synonyme du bien. Ce qui a surnagé durablement de son livre, c’est son plus mauvais aspect : le procès en nazification des défenseurs des animaux. Quel militant ne s’est pas vu jeter à la figure qu’Hitler lui aussi aimait beaucoup les animaux et que les nazis avaient produit la législation la plus protectrice du monde en leur faveur ? J’ajouterais cependant que si cet « argument » n’avait pas été popularisé par Ferry, il l’aurait été par un autre, car il a cours aussi à l’étranger. Les défenseurs des animaux sont aguerris à en montrer la vacuité – pour peu qu’on leur laisse la parole. Le problème en 1992 et les premières années qui suivirent, c’est qu’ils ne l’avaient pas du tout, tandis que des intellectuels et journalistes pilonnaient la rengaine du «comme Hitler». Quelques années plus tard, Yves Bonnardel (qui après avoir quitté la rédaction des Cahiers, est devenu l’un des fondateurs et responsables des éditions tahin-party) a été à l’origine de la publication de Luc Ferry ou le rétablissement de l’ordre. Paru en 2002, ce livre peut être commandé ou téléchargé gratuitement à partir du site. Dans ce volume, Yves a réédité les critiques du Nouvel ordre écologique parues dans les Cahiers ; il y a ajouté une préface et un texte de l’historienne Elisabeth Hardouin-Fugier. Celle-ci y montre combien la thèse selon laquelle la législation nazie sur les animaux aurait été exceptionnellement novatrice et progressiste relève de la désinformation, de même que le portrait d’un Hitler personnellement impliqué dans l’élaboration de ces lois. Sans devenir un best-seller, ce livre des éditions tahin-party n’est pas passé inaperçu. C’est un indicateur parmi d’autres du fait que le contexte n’est plus celui de 1992. Non que Le nouvel ordre écologique ait été une exception dans le paysage intellectuel. Il a eu des successeurs (souvent de plus mauvaise qualité) : il arrive régulièrement sur le marché des ouvrages dépeignant les militants animalistes comme une menace terrifiante : néo-nazis, sectaires, illuminés, terroristes, humanicides… Bien qu’il s’agisse d’un roman, Le parfum d’Adam de Jean-Christophe Rufin paru en mars 2007 s’inscrit dans cette lignée. Chacun des livres de ce type a un certain impact ; on en parle, parfois beaucoup. Mais il me semble que désormais la vague est moins haute que ce qu’on a connu en 1992 et qu’elle meurt plus vite. On n’observe plus au même degré le phénomène d’encensement unanime dans les media. Peut-être est-ce le symptôme que l’indifférence envers animaux commence à reculer. En effet, la principale raison pour laquelle les gens sont disposés à recevoir et à véhiculer eux mêmes les équations du type « antispécistes = nazis », c’est qu’elles leur offrent une échappatoire commode pour n’avoir pas à se questionner sur celles de leurs pratiques et idées qui sont mises en cause. Que le réflexe de défense par la mauvaise foi faiblisse un peu indique que le public est plus ouvert, ne rejette plus aussi fort l’idée de se préoccuper du sort des animaux. LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Le numéro 28 des Cahiers antispécistes a ouvert ses pages au professeur Linzey, prêtre anglican, grand théologien et grand défenseur des animaux. Pourquoi avez-vous choisi un théologien chrétien ? ESTIVA REUS: À cause du hasard d’une rencontre. Les 17 et 18 mars 2005 s’est tenu à Londres, à l’initiative du CIWF (Compassion in World Farming), un colloque sur la sentience animale. Quelques membres et proches de la rédaction des Cahiers s’y étaient rendus. Andrew Linzey faisait partie des intervenants. Dans son exposé, clair et simple, il a pris une à une les raisons habituellement invoquées pour négliger la souffrance des animaux (ils sont moins puissants que les humains, ils ne sont pas rationnels, ils n’ont pas de langage, ils ne peuvent pas exprimer leur consentement, ils ne sont pas des agents moraux, ils n’ont pas d’âme…. Et à chacune de ces raisons, il rétorquait : à supposer que cela soit vrai, alors cela ne réduit pas, mais au contraire accroît, la sollicitude que nous devons avoir envers eux. S’ils ne sont pas rationnels, il ne peuvent contrer la souffrance par la réflexion intellectuelle. S’ils n’ont pas de sens moral, alors ils ne peuvent mériter la souffrance et elle ne peut les rendre meilleurs. S’ils n’ont pas d’âme, il importe d’autant plus que le malheur leur soit épargné dans ce monde-ci, car pour eux il n’y en aura pas d’autre où ils connaîtront la félicité… Il concluait en disant que notre responsabilité envers les animaux est d’autant plus grande qu’ils sont innocents et vulnérables, faisant l’analogie avec nos devoirs envers les nourrissons humains. Ensuite, il y a eu une pause de quelques minutes et, dans un hall bruyant de monde, David Olivier et moi-même avons eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui. En réponse à quelque question dont je ne me souviens plus, il a évoqué son livre Animal Gospel. C’était déjà l’heure de retourner dans la salle de conférences. La dernière phrase qu’il nous a adressée en s’éloignant avec un sourire était : « Vous savez, même la théologie évolue. » De retour de ce colloque, nous avons été happés par le tourbillon ordinaire des affaires en cours. Mais je n’ai pas oublié. J’ai fini par commander et lire Animal Gospel. Que nous devions en publier des extraits m’a paru une évidence. Les autres membres de la rédaction ont approuvé aussitôt. Personne parmi nous n’est croyant, et aucun d’entre nous ne possède une grande culture en matière de religion. Cela a des implications sur la façon dont nous pouvons aborder la théologie animale dans la revue. Si nous fabriquions nous-mêmes, en puisant dans les ressources de sites animalistes, des « fiches » par religion qui feraient valoir pourquoi un bon juif, chrétien, musulman, bouddhiste… doit épargner les animaux sans quoi il trahit sa foi, on pourrait à juste titre nous accuser de vouloir manipuler les gens et de n’avoir aucune légitimité pour nous exprimer sur le sujet. La position de Linzey abordant ces questions est toute différente : lui est à la fois qualifié puisque théologien, et sincère puisque croyant. À vrai dire, nous n’aurions pas ouvert nos colonnes à n’importe quel docteur de la foi, simplement parce qu’il remplit ces deux conditions. Linzey a une cohérence et une originalité dans sa pensée, une générosité, du talent... Même si, par la force des choses, beaucoup de ses arguments n’en sont que pour des chrétiens, sa vision reste compréhensible, stimulante, et source de réflexion pour d’autres qu’eux. LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Andrew Linzey cite souvent un autre théologien et philosophe chrétien, le docteur Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix 1952. Théodore Monod, autre grand défenseur des animaux, disait que « en nous proposant pour règle d’une morale nouvelle le respect de la vie et de toute vie, Albert Schweitzer nous a offert sans doute la seul formule capable de sauver à la fois l’homme et la nature ». Quelle est votre opinion à ce sujet ? ESTIVA REUS: Je connais très peu l’œuvre d’Albert Schweitzer ou de Théodore Monod. Ils m’apparaissent comme des personnalités marquantes par leur engagement au service des plus souffrants, hommes ou bêtes, leur culture, leur aspiration à la non violence, leur ouverture à d’autres civilisations que la leur… Savez-vous que Théodore Monod compta parmi les abonnés des Cahiers ? Je signale ce point tout à fait anecdotique non parce qu’il aurait eu une quelconque influence sur le contenu de la revue, mais parce qu’il est touchant qu’une personne de sa notoriété ait eu l’attention de manifester cette marque d’intérêt pour une minuscule revue naissante. Pour ma part, je ne reprendrais pas la phrase de Théodore Monod pour formuler ce vers quoi nous devons tendre. La principale raison en est qu’à mes yeux, l’éthique concerne les êtres sensibles – ou sentants – et non les êtres vivants. Que certains êtres répondent aux critères chimiques ou biologiques qui distinguent le vivant du non vivant n’a pas de signification morale particulière. Un grain de blé, une culture de cellules dans une boîte de Petri, entrent dans la catégorie « vivant ». Des cristaux de glace formant de nouvelles structures, un volcan qui se réveille, n’y entrent pas. Et pourtant, ils sont tous à mon sens sur le même plan au regard de l’éthique : en dehors de la communauté morale. Il ne s’agit pas d’exprimer ou ressentir un « mépris » (par opposition au « respect ») envers ces composantes du réel. Il ne s’agit pas de dire qu’elle sont sans beauté, sans force, sans complexité, ni même que leur devenir doit nous être indifférent. Mais ce ne sont pas des patients moraux. L'éthique c'est la question du bien et du mal. C'est aussi une connaissance pratique : elle a pour but de déterminer ce qu'il faut faire, comment agir. Sont concernés par l'éthique les êtres à qui on peut faire du bien ou du mal, qui peuvent se trouver bien ou mal de ce qui leur arrive. La délimitation non arbitraire de l'objet de l'éthique est celle qui utilise la sentience comme frontière. Si on place la frontière en deçà, en ne selectionnant qu'un sous-ensemble des êtres sentants (les gauchers, les humains, les animaux à plumes...), on ne peut pas donner de raison recevable de cette limite, parce que le critère qui sert de démarcation n'a aucun rapport avec la question qu'il s'agit de traiter. Cela revient à exiger que l’on traite différemment des cas similaires. Pourquoi – toutes choses égales par ailleurs – la même sensation (de suffocation par exemple) serait-elle un mal si elle concerne un gaucher et pas si elle atteint un droitier ? Pourquoi serait-elle grave si ressentie par un humain et moralement indifférente si éprouvée par un poisson ? Si, inversement, on place la frontière au-delà du cercle de la sentience, on ne fait pas preuve d'une générosité supplémentaire. Ce n'est pas méchant d'exclure les êtres non sentants de la considération morale (les volcans, les robinets, les pois-chiches...). Ce n'est ni gentil ni méchant parce qu'ils n'ont pas d'intériorité, de subjectivité. Etre bien ou mal n'a pas de sens de leur propre point de vue (ils ne possèdent pas de point de vue propre). Il est impossible de leur faire du bien ou du mal. Cela n’implique pas que ce que l’on fait à propos des volcans ou des pois chiches soit indifférent. Mais si cela a une importance ce n’est pas pour eux. Pour eux, rien n’a d’importance. Il est vrai que nous ne savons pas situer avec certitude la frontière de la sentience, et que pour les êtres qu’on peut raisonnablement supposer sentants, souvent on sait mal ce qu’ils éprouvent, quels sont les événements qui les affectent et avec quelle intensité. Parce que nous ne pouvons pas différer nos décisions au jour où nous aurons toutes les connaissances nécessaires, il n’y a pas d’autre voie que d’essayer de faire pour le mieux avec le savoir imparfait dont on dispose. Un autre problème considérable que je me contente de mentionner est celui des conflits éthiques. Il se pose avec le principe du respect de toute vie, mais aussi avec celui d’inclusion de tous les êtres sentants dans la communauté morale. Il se pose dans toute éthique, en fait. Le monde est ainsi fait qu’il est souvent exclu de satisfaire les intérêts de tous, parce qu’ils sont incompatibles, ou de respecter toute vie parce que les uns vivent de la mort des autres. Les règles pour trancher ces conflits ne sont pas simples à formuler, et quand on les a formulées, on n’est pas très sûr qu’elles n’exigent pas un niveau d’altruisme ou de sens de l’équité supérieur à celui dont nous sommes ordinairement capables. Quoi qu’il en soit, il y a déjà beaucoup de bien qu’on pourrait faire sans être contraints à des renoncements très coûteux. LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Quel est selon vous l’avenir de l’anthropocentrisme ? ESTIVA REUS: Selon Aristote : Les plantes sont faites pour les animaux et les animaux, pour l’homme : les animaux domestiques servent à son usage et à sa nourriture ; les animaux sauvages servent, si ce n’est tous, du moins la plupart, à sa subsistance et à ses autres besoins […]. Si donc la nature ne fait rien d’incomplet, si elle ne fait ni en vain, il faut admettre que c’est pour l’homme que la nature a fait tout cela. (La politique, Livre I, chapitre III, §7) Il y a plusieurs siècles maintenant que se sont délitées, sur le plan scientifique, les raisons de croire que l’univers est centré sur l’homme, ou construit en fonction de lui. La vision d’Aristote est-elle pour autant tombée en désuétude ? Pas sûr. Il n’y a qu’à voir la popularité dont jouit la notion de chaîne alimentaire, hors de tout contexte scientifique. Ceux qui remettent en cause la consommation carnée s’entendent souvent rétorquer : « Vous oubliez que les humains sont au sommet de la chaîne alimentaire ! ». Ce sommet-là n’est pas descriptif. Il porte un jugement de valeur (les humains sont en haut) et un contenu normatif : il est normal que animaux soient dévorés par les humains, ils sont prévus pour ça, c’est dans la nature. De même, les humains se trouvent régulièrement qualifiés de sommet de l’évolution. Cet usage aberrant du terme « évolution » (au regard de la théorie darwinienne à laquelle il est pourtant emprunté) véhicule une idée du même ordre : toute l’histoire du vivant n’a été qu’une série d’étapes intermédiaires imparfaites pour aboutir à ce couronnement qu’est l’espèce humaine. Ni la chute du géocentrisme, ni la découverte de la pluralité des soleils et des galaxies, ni la théorie de l’évolution, ni les observations révélant les capacités intellectuelles, émotionnelles, sociales, des animaux… n’ont renversé l’anthropocentrisme. Si mise à mal qu’ait été sa valeur descriptive ou explicative du réel, sa dimension normative est demeurée intacte : à savoir l’affirmation que l’homme est au centre en ce sens que ce sont les humains qui comptent, et que par conséquent tout le reste est pour eux, à leur disposition. En même temps que reculait l’anthropocentrisme scientifique, grandissait l’anthropocentrisme éthique et politique. Celui-là porte un autre nom : c’est l’humanisme. On est aujourd’hui très attaché à l’humanisme, et c’est compréhensible. Il évoque le progrès vers l’élargissement de la communauté morale : non plus seulement ceux de ma famille, de mon clan, de mon pays, mais tous les humains sans distinction. On perçoit également l’humanisme comme un rempart qui protège, au moins un peu, de la barbarie entre humains, dont on sait les niveaux d’atrocité qu’elle peut atteindre. Et aussi, il flatte notre ego : nous avons chacun une valeur inestimable, nous et nous seuls, valeur qui doit nous être reconnue d’office, simplement parce que nous sommes bien nés, membres de l’espèce humaine. L’humanisme a ainsi deux visages : celui inclusif, généreux, valorisant, envers tous les humains, et celui excluant, discriminatoire, méprisant, envers les non humains. L’humanisme est par construction un des véhicules du spécisme. Parce qu’il faut bien lui trouver quelque justification au-delà du privilège de la naissance, il alimente une partition du réel qui marque fortement notre vision du monde : celle qui oppose d’un côté l’humanité et de l’autre la nature (tout le reste). Sur le versant humain, on est censé être dans l’univers de l’individualité et de la liberté. Chacun est unique, irremplaçable, infiniment précieux. Chacun est créateur de son propre destin. Rien de biologique, ou si peu, chez l’humain, qui n’est que culture, libre-arbitre, page blanche où tout peut venir s’inscrire au gré des inventions personnelles ou collectives. Sur le versant de la nature (le reste), c’est le règne de la fonctionnalité et du holisme. On ne voit pas des individus mais des pièces interchangeables qui constituent les rouages d’un ensemble (les espèces, les écosystèmes…). De l’autre côté de la frontière, on voit un monde peuplé d’automates programmés pour accomplir aveuglément un certain cycle préconçu, qu’il s’agisse de minéraux, de végétaux ou d’animaux. Même si elle a cessé d’être exprimée en clair, la partition cartésienne reste bien présente : d’un côté les hommes et de l’autre les choses, les mécaniques, fut-ce-t-elles biologiques. L’humanisme nous a aussi conduits à penser l’humanité comme une entité collective, dont chacun de nous est le représentant ou la personnification. Il fabrique un « nous » dont nous avons appris à nous sentir partie prenante. « L’homme a créé les mathématiques, bâti des cathédrales, été sur la lune, construit des ordinateurs et composé des symphonies. » Et même si vous êtes un individu nullissime en maths, dénué de sens artistiques et incapable seulement de comprendre les rudiments du fonctionnement d’une fusée ou d’un ordinateur, vous vous sentez cet « homme » qui a accompli tout cela. Alors peut-on sortir de l’humanisme par le haut, peut-on le renverser et le remplacer par quelque chose de mieux ? Comment faire pour élargir encore le cercle de la considération morale de façon à ce qu’il englobe tous les êtres sentants ? Il faut bien sûr procéder à la critique éthique du spécisme, montrer qu’il est indéfendable selon un quelconque principe d’équité. Il faut diffuser les connaissances sur les capacités cognitives et émotionnelles des animaux qui vont à l’encontre du schéma qui tend à les réifier. Mais sans doute faut-il plus que cet appel au raisonnement moral et aux données factuelles. Les humains ne sont pas les porteurs d’une raison désincarnée, ils sont pris dans leurs émotions, leurs relations et représentations sociales. Il faut chercher une alternative qui fasse qu’on cesse de s’accrocher à l’humanisme par peur de perdre la protection qu’on en attend contre le déchaînement de la violence intra-humaine. Antoine Comiti a développé des perspectives intéressantes sur ce point (mais pas encore sous forme de textes publiés) – le « sensibilisme » comme successeur de l’humanisme : passer à une civilisation fondée sur la conviction que c’est ce qu’éprouvent les individus qui importe. Celle-ci créerait une protection plus solide que celle offerte par l’humanisme, qui lui ne met pas en avant la sensibilité (qui nous est commune avec les bêtes) comme critère pour mériter l’attention. Il n’est pas inconcevable que puisse se développer sur cette base un sentiment d’appartenance à un « nous » élargi qui sera celui des êtres sentants. Peut-être verra-t-on même se reproduire, sur un autre mode, cette façon qu’ont les humains de raconter des histoires collectives en s’en voyant chacun comme le représentant à part entière. Viendra-t-il un jour où on dira, « Il y a des dizaines de millions d’années, nous ressemblions à des souris», ou encore « Des mois durant, dehors sur la banquise, nous nourrissons nos enfants et les protégeons du vent et du froid », « Nous nageons de l’Antarctique à l’océan Indien. »… ? Aucun de ceux qui diront cela n’aura jamais eu l’apparence d’une souris, et aucun ne saura accomplir ce que font des manchots ou des baleines. Mais après tout, ce n’est pas plus absurde que de dire « Nous avons conçu la théorie de la relativité » » alors qu’on n’a rien d’un Einstein. Il est toujours hasardeux de faire des prédictions pour un avenir lointain. Mais oui, il y a une chance de voir l’anthropocentrisme reculer au profit d’un sentiment de communauté et de solidarité avec tous nos prochains sentants. LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: En France, il y a une multitude d’associations de défense des animaux dont l’influence politique est presque nulle. La campagne pour l’élection présidentielle l’a démontré. A votre avis, que faut-il faire pour remédier à cette défaillance ? ESTIVA REUS: La quasi-absence de la préoccupation pour les animaux dans les thèmes des campagnes électorales est en effet frappante. De même que la complaisance affichée de beaucoup de candidats envers des pratiques telles que la corrida ou la chasse. On sait par ailleurs que la France se montre particulièrement rétrograde au niveau européen, oeuvrant régulièrement à freiner la mise en place de réglementations en faveur du bien-être animal. Cette spécificité serait-elle le reflet d’une indifférence particulière de la population française au sort des animaux? Les sondages d’opinion disponibles montrent que cette explication ne tient pas. Selon une enquête réalisée par la commission européenne en février-mars 2005 (http://ec.europa.eu/food/animal/welfare/euro_barometer25_en.pdf), 64% des répondants français déclarent qu’ils estiment que, dans la politique agricole de leur pays, le bien-être animal ne reçoit pas assez d’importance (et seulement 3% qu’on lui en accorde trop). Ce chiffre de 64% est à comparer à celui de 55% seulement obtenu en moyenne sur l’ensemble des 25 pays de l’Union Européenne. Autre exemple : selon un sondage effectué en janvier 2004 et publié dans la revue 60 millions de consommateurs, 78% des personnes interrogées déclarent accorder beaucoup d’importance au bien-être animal dans l’exercice de l’agriculture. L’inertie des élus en matière de protection animale n’est donc pas imputable à une hostilité générale de la population à ce type de mesures. Deux facteurs par contre ont fortement contribué à entretenir cette inertie : le fait qu’en France les préoccupations du monde agricole ont un poids politique disproportionné par rapport à la faiblesse de la population concernée, et le fait que les organisations agricoles ont été jusqu’ici férocement opposées à toutes les dispositions en faveur des animaux. Celles-ci sont aussitôt dénoncées comme des absurdités des «bureaucrates de Bruxelles» et des agressions insupportables contre les producteurs. On vient encore d’en vivre un épisode avec la levée de boucliers contre la mise en application au 1er juin 2007 de la disposition européenne qui permet de supprimer jusqu’à 3% des aides aux éleveurs qui n’appliquent pas les règles en vigueur relatives au bien-être animal. De fait, le ministère de l’agriculture – et au delà, le gouvernement – est loin d’agir en représentant des citoyens français dans leur ensemble sur les questions de son ressort. Souvent, ce ministère se comporte plutôt comme un simple relais politique des intérêts des filières agro-alimentaires, tels que définis par les organisations professionnelles de producteurs. Face à cela, on un mouvement animaliste jeune, du moins dans sa configuration actuelle. (La défense animale est ancienne, mais beaucoup des organisations d’aujourd’hui et des thèmes qu’elles portent n’en sont pas les héritiers.) Ce mouvement est composé d’une foule d’associations et collectifs, souvent minuscules, pour la plupart animés exclusivement par des bénévoles. Même les « grandes » organisations atteignent rarement la dizaine de salariés. La dispersion n’est pas le premier obstacle pour être audible au niveau politique, même si se pose effectivement un problème de représentativité. Quand on en viendra au stade où les organisations animalistes seront reconnues comme des partenaires à part entière quand il s’agit de traiter de la question animale, il faudra trouver des moyens de coopération (pas d’unification) efficaces pour dégager des plateformes de revendications ayant des chances d’être entendues. Mais on n’en est pas là, et cela vient d’un déficit d’investissement dans le « niveau institutionnel » de l’action et d’une méconnaissance du fonctionnement des institutions. Je ne parle pas seulement de la connaissance livresque, juridique, de quel organisme décide de quoi au niveau national ou communautaire, mais de la connaissance des réseaux, des usages, des personnes, qui préparent une mesure ou un programme. Je suis bien mal placée pour dénoncer le déficit de la défense animale en ce domaine, ayant surtout œuvré dans des composantes de celle-ci qui jusqu’à très récemment n’ont eu strictement aucune implication en la matière. D’autres ont fait mieux, mais globalement, le seuil où ces efforts donnent des résultats n’est pas encore atteint. Chez beaucoup de militants, il n’y a même pas de conscience claire qu’il puisse être nécessaire d’agir au niveau des institutions. On espère bien sûr que les lois et règlements vont changer, mais sans avoir la moindre idée de comment on s’y prend pour y parvenir. On travaille uniquement sur des actions en direction du public, pour « faire changer les mentalités ». La prise en compte des animaux dans les programmes politiques ou les lois est vue comme quelque chose qui découlera automatiquement de la sensibilisation du public à la cause animale. On n’a pas la notion de comment cela pourrait se passer concrètement, ni la démarche de repérer quelle mesure pourrait déjà être obtenue pour peu pour s’y emploie, parce ce qu’elle est déjà approuvée par l’opinion publique. A côté de cela, il y a aussi des acteurs de la défense animale plus soucieux de peser lors des échéances politiques. Cela s’est vu notamment lors des manifestations unitaires à la veille d’une grande échéance électorale, la dernière en date étant celle de mars 2007. Les retombées en ont été nulles sur les programmes des candidats. La leçon qu’on doit en tirer est probablement que ça ne marche pas parce qu’à quelques jours ou semaines d’une élection, il est déjà trop tard. De même qu’il est trop tard quand on intervient sur un projet de loi, alors qu’il est déjà rédigé et sur le point d’être soumis aux parlementaires. Nous en avons fait l’expérience lors de l’adoption fin 2005 de la loi qui a fait du foie gras obtenu par gavage un élément protégé du patrimoine gastronomique national. La conclusion que j’en tire par rapport à votre question est que pour progresser dans l’influence au niveau politique, il faut apprendre à agir en amont, beaucoup plus que ce n’est le cas aujourd’hui (je ne dis pas que rien n’est fait dans ce sens) : agir en amont, c’est à dire parvenir à être présent là où s’élaborent les programmes politiques et les dispositions légales ou réglementaires, et à l’être avec une bonne maîtrise des dossiers, et une bonne connaissance des mœurs et acteurs du cadre où on intervient. Cette présence au niveau des institutions ne se limite pas aux organes politiques au sens strict. Ce peut être aussi les centres de recherche, les institutions qui régissent la vie scolaire et universitaire, les organisations professionnelles… Cela ne se fera pas en un jour, parce qu’il faut acquérir un savoir faire étendu, une expertise sur des sujets complexes, et que cela demande un investissement en temps et déplacements qui est difficile à réaliser dans un mouvement qui repose essentiellement sur le travail de bénévoles, qui ont des obligations professionnelles par ailleurs. Je pense néanmoins que des progrès substantiels sont possibles, à l’image des progrès notables qui ont été accomplis dans le domaine des relations avec les media. Il n’y a pas si longtemps, on en était à se désoler que la presse et la télévision n’évoquent jamais les revendications et actions concernant les animaux, sans comprendre que pour partie cela venait de ce que nous n’avions pas fait l’investissement nécessaire pour comprendre comment fonctionnent les media, comment on les contacte, et ce qui peut les intéresser. Depuis qu’un effort a été fait dans ce sens, la presse évoque davantage la question animale. Pour finir sur ce thème, je conseillerai de lire les dix conseils d’Henry Spira qu’on trouve dans ce texte : http://cahiers-antispecistes.org/spip.php?article256. Ils ne sont pas centrés sur l’action au niveau politique, et ne sont pas forcément à prendre tous au pied de la lettre (par ailleurs, Spira parle de son expérience dans le contexte américain). Mais ses « dix règles pour faire bouger les choses » sont une bonne source d’inspiration sur la méthode à suivre quand on souhaite obtenir des résultats dans un domaine circonscrit. LES CHRETIENS ET LES ANIMAUX: Avant de terminer cette interview, voulez-vous ajouter quelque chose ? ESTIVA REUS: Tout d’abord vous remercier de m’avoir ouvert les colonnes de votre webzine. Et ajouter quelques mots à propos d’Andrew Linzey. D’une part, indiquer à vos lecteurs que des extraits en français de son livre Animal Gospel sont disponibles à cette adresse : < http://cahiers-antispecistes.org/spip.php?article334> D’autre part, signaler à ceux d’entre eux qui lisent l’anglais la parution de son nouveau livre Creatures of the Same God. (Winchester University Press, The Master's Lodge, Winchester SO22 4NR) Enfin, pour ceux qui seraient à la fois anglophones et en mesure de se déplacer à Oxford, on peut rappeler que l’Oxford Centre for Animal Ethics, dont Andrew Linzey est directeur, organise le 18 septembre prochain un colloque sur les liens qui peuvent exister entre la violence envers les humains et la violence envers les bêtes. Le programme de cette journée et les conditions d’inscription sont détaillés sur cette page : http://www.oxfordanimalethics.com/index.php?p=conference> Merci Estiva Reus
Date: 2007-07-05
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