Logo
European Vegetarian and Animal News Alliance (EVANA)
Select language:
en de fr pt es
it nl ro sl sq sv


Book recommendation:
Paving the Way for Peace: Living Philosophies of Bishnoi and Jains
Join us on
facebook logo
Facebook!




RSS engl.
RSS all lang.

Donation to EVANA.

41 évêques contre la fourrure

Ou ce qui arrive quand une autorité morale parle en faveur des animaux

Les défenseurs des animaux critiquent sévèrement - et avec raison - les Eglises parce que ces dernières restent, en général, silencieuses devant les diverses formes de la cruauté terrifiante, inhérante à notre système actuel de traitement et d'exploitation des animaux. Mais qu'arrive-t-il quand une Eglise denonce une cruauté spécifique? Voici ce qui arriva, il y a quelques années, à quarante et un évêques appartenant à l'Eglise Aglicane.

En mars 1986, neuf évêques catholiques et anglicans du Canada septentrional ont publié une déclaration défendant l'industrie de la fourrure et exprimant leur solidarité avec les trappeurs canadiens. Ce texte passait sous silence la question morale de la souffrance des animaux piégés pour leur fourrure. Quelques chrétiens britanniques, en le lisant, ont réagi. Ils n'ont pas voulu laisser le public croire que la déclaration canadienne exprimait la position officielle du Christianisme.

Un grand théologien, le professeur Andrew Linzey de la Faculté de Théologie d'Oxford -prêtre anglican-, ainsi qu'une association de protection animale ont approché les évêques de l'Eglise anglicane (Church of England) et ils les ont invité à signer une déclaration opposée à celle de leurs collègues canadiens. Quarante et un évêques anglicans ont repondu favorablement à cette invitation. Parmi eux se trouvaient l'ancien Archevéque de Canterbury-Primat de la Communion Anglicane Donald Coggan et le Primat de l'Eglise Episcopalienne (Anglicane) de l'Ecosse Richard Holloway.

La déclaration rédigée par le professeur Linzey ainsi que quinze textes individuels épiscopaux ont formé l'essentiel du livre CRUELTY AND CHRISTIAN CONSCIENCE:BISHOPS SAY NO TO FUR (CRUAUTE ET CONSCIENCE HUMAINE:DES EVEQUES DISENT NON A LA FOURRURE! ), (Lynx, Nottingham 1992). Le livre était préfacé par l' Archevéque du Pays de Galles.

Ce qui s'est passé ensuite a valeur de leçon. Chaque fois qu'une autorité morale ose parler en faveur d'une cause qui met en danger des intérêts économiques et financiers, une levée de boucliers mercenaires s'ensuit. Les intérêts économiques et financiers mis en cause recrutent une armée d'avocats, de spécialistes en communication et de lobbyistes nationaux et internationaux et conrattaquent férocement. L'industrie de fourrure canadienne avait un chiffre d'affaires annuel de 600 millions de dollars. L'Etat canadien et les fourreurs se mirent donc en campagne contre les quarante et un évêques britanniques.

Deux semaines après la publication de la déclaration contre la fourrure, l'évêque britannique anglican Hugh Montefiore lança une attaque, dépourvue d'arguments serieux, dans les colonnes du journal religieux CHURCH TIMES. Montefiore a malmené ses quarante et un collègues comme s'ils étaient des ignares malappris. Pourtant, parmi les quarante et un signataires il y avait trois archevéques-primats en exercice ou en retraite!

Ensuite vint l'assaut massif canadien. Le même journal religieux publia un article signé par les neufs évêques canadiens défenseurs des trappeurs et prit leur parti dans son éditorial. L'extraordinaire est que les neuf évêques canadiens ont accusé les quarante et un évêques britanniques de "violer la dignité" des peuples autochtones dont le le piégage des animaux de fourrure constituerait une tradition culturelle.

La BBC a pris le relais. Elle a invité l'un des évêques canadiens et dans une émission qui a duré une heure (!) elle a descendu en flammes ceux qui défendent les animaux au détriment des êtres humains, en l'occurence les peuplades indigènes du Canada septentrional. Comme si les seuls fourreurs au monde étaient ces quelques Indiens et Esquimaux.

Mais la défense de la culture et de la tradition des peuples autochtones est un argument qui vend bien. Les spécialistes de communication à la solde des multinationales et des groupes de pression industriels et commerciaux préconisent l'utilisation des thèmes émotionnels contradictoires pour désorienter le public. Par exemple: "animaux contre peuples indigènes". "Ils défendent les animaux, nous défendons les gens". Cela implique que les défenseurs des animaux n'aiment pas les êtres humains.

Dans un autre contexte, mais suivant les mêmes preceptes des spécialistes en communication, le lobby tauromachique tente d'organiser quelques "corridas de bienfaisance" pour contourner et même detourner l'argument moral en disant: "Les défenseurs des animaux sont pour le taureau, mais nous, nous sommes pour les malades et les handicapés bénéficiaires des "corridas de bienfaisance"".

En suivant la même ligne, le gouvernement canadien finança la visite à Londres d'un chef indigène qui campa pour protester devant la porte de l'évêque des Londres (anglican), cosignataire du texte contre la fourrure. Quatre-vingt pour cent des exportations canadiennes de fourrure étaient destinées au marché européen. Le prestige des quarant et un évêques britanniques portait un coup considérable à l' industrie de la fourrure. Il fallait décrédibiliser ces évêques.

L'évêque des Londres est contre la fourrure? Eh bien un chef indigène protestera devant sa porte. "L' évêque des Londres défend les animaux mais le chef indigène défend la culture et la tradition de son pauvre peuple". "Le chef indigène et nous les fourreurs défendons les gens".

Le public, qui ignore que la part des Indiens et des Inuits du Canada dans le commerce global de fourrure est insignifiant et qu'ils n'ont plus de besoin vital de trapper, s'émeut et oublie les arguments moraux des quarante et un évêques. L'effet de l'appel de l'autorité morale est annulé par une opération de relations publiques spectaculaire et médiatisée.

Aucun des quarante et un évêques britanniques ne ceda sous la pression du lobby de la fourrure. Aucun ne changea sa position. En 2002, le professeur Linzey, ce prêtre courageux, a récidivé. Il a écrit et publieé un texte contre la fourrure, cosigné par quelque soixant-dix professeurs d'université et autres universitaires de haut niveau, tous experts en éthique.

_____________________
Bibliographie:
Andrew Linzey (ed), CRUELTY AND CHRISTIAN CONSCIENCE, Lynx, Nottigham 1992
Andrew Linzey, ANIMAL GOSPEL, Hodder and Stoughton, Londres 1998

12.9.2004
"Les chrétiens et les animaux"


Source: Les chrétiens et les animaux
Author: Jean Nakos


Date: 2007-03-30

Other EVANA-articles about this topic:
France: Andrew Linzey chez les amis de Peter Singer (fr)

Cahiers antispécistes - n° 28 - (fr)

Andrew Linzey gagne son pari (fr)

Share

Filter: 
1-13
2020-01-25
2013-05-29
seedling in soil
2013-01-19
German Agriculture Minister Aigner and FAO head Graziano da Silva urge international community to develop principles for responsible investments
2013-01-17
2013-01-17
2013-01-17
2013-01-04
2013-01-03
2013-01-03
2013-01-03
2012-12-30
2012-12-29
2012-12-28
photo GerdAltmann_pixelio.de
1-13

For correspondents:
Username:

Password: