Logo
European Vegetarian and Animal News Alliance (EVANA)
Select language:
en de fr pt es
it nl ro sl sq sv



Join us on
facebook logo
Facebook!




RSS fran.
RSS all lang.

Faire un don

Melanie Joy PhD: Qu’est-ce que le carnisme ?

Le carnisme, c’est le nom que j’ai donné au système de croyance, ou idéologie, selon lequel on considère éthique et approprié de consommer certains animaux. Le carnisme est en fait l’opposé du végétarisme ; tandis qu’un végétarien est une personne qui pense qu’il n’est pas éthique de manger des animaux et qui, par conséquent, rejette la viande, un carniste est une personne qui pense qu’il est éthique de manger des animaux et qui, par conséquent, mange des animaux.

Toutefois, la plupart des gens ne réalisent pas que leur choix de consommer de la viande révèle un système de croyance plus profond. Ils ne se demandent pas, par exemple, pourquoi ils aiment les chiens mais mangent des cochons, ni pourquoi ils trouvent la viande de certains animaux dégoûtante et celle d’autres animaux appétissante, ni même, pourquoi ils mangent de la viande. La plupart d’entre nous considèrent la consommation de viande comme un fait acquis plutôt que comme un choix, et lorsque nous réfléchissons à notre consommation d’animaux c’est sous l’angle biologique plutôt qu’idéologique. Mais les mangeurs de viande ne sont pas des carnivores, qui sont des animaux ayant besoin de viande pour leur survie. Ils ne sont pas non plus des omnivores qui, comme les végétariens, sont des animaux devant consommer à la fois des matières végétales et animales pour survivre. "Carnivore" et "omnivore" ne désignent rien de plus qu’une prédisposition biologique. Pour les humains, manger de la viande n’est pas une nécessité biologique (exceptés pour ceux qui sont soumis à des contraintes géographiques ou économiques) mais un choix philosophique fondé sur une série de postulats concernant les animaux, le monde et soi-même. Tant que manger de la viande n’est pas nécessaire à notre survie, c’est un choix, et les choix proviennent toujours des croyances.

Pourquoi est-ce que le carnisme n’a pas été identifié jusqu’à maintenant, alors que le végétarisme est reconnu en tant qu’idéologie depuis des siècles ? Une des raisons est qu’il est plus facile d’identifier les idéologies qui s‘inscrivent en dehors du courant dominant. Une autre raison, encore plus importante, est le fait que le carnisme est un genre particulier d’idéologie : c’est une idéologie dominante dont les principes sont contraires aux valeurs de la plupart des gens. Les idéologies dominantes sont des systèmes de croyance si généralisés et établis que leurs valeurs et leurs pratiques sont considérées comme raisonnables - "C’est comme ça" - plutôt que comme une série d’opinions largement répandues. Les idéologies dominantes dont les principes vont à l’encontre des valeurs profondes de la plupart des individus se dissimulent afin de s’assurer la participation de la population. Sans le soutien du peuple, ce système s’effondrerait. Le système de valeur de la plupart des gens ne tolère pas les actes de cruauté intenses et inutiles envers les animaux, et pourtant le carnisme exige justement que soit exercée cette violence sur les animaux.

Les idéologies violentes, dominantes, telles que le carnisme se maintiennent en vie en utilisant des stratégies - ou mécanismes de défense, spécifiques pour cacher les contradictions qui existent entre nos valeurs et nos comportements, nous permettant ainsi de faire des entorses à ce que, normalement, nous considérons éthique. La principale défense de ce système est l’invisibilité et le principal moyen utilisé par cette idéologie pour rester invisible est de ne pas avoir de nom. Si nous ne nommons pas ce système, nous ne le voyons pas et si nous ne le voyons pas, nous ne pouvons pas en parler. L’invisibilité protège cette l’idéologie d’un examen minutieux et, partant, d’une remise en question. Et lorsqu’il s’agit du carnisme, ce n’est pas seulement l’idéologie qui est conceptuellement invisible, mais aussi les animaux, dont la vie et la mort sont indispensables à ce système .

Dans "Why We Love Dogs, Eat Pigs and Wear Cows(*) " j’examine les diverses mécanismes de défenses de ce système ainsi que les stratégies pour s’y opposer.


* Pourquoi nous aimons les chiens, mangeons les cochons, et portons de la vache


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Melanie Joy est professeur de psychologie à l’Université du Massachusetts, à Boston. Elle a étudié la psychologie du spécisme pendant un certain nombre d’années et a fait sa thèse de doctorat sur la psychologie du carnisme. Elle est l'auteur de "Strategic Actions for Animals : A Handbook on Strategic Movement Building, Organization, and Activism for Animal Liberation" (Lantern Books, 2008) et de "Why we Love dogs, Eat Pigs and Wear Cows : An Introduction to Carnism" (Conari Press, 2010)


Source: Traduction: M. Pauly
Author: Melanie Joy PhD

Link: Melanie Joy PhD: Why We Love Dogs, Eat Pigs, and Wear Cows: An Introduction to Carnism
Link: texte original

Date: 2010-05-03